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Le goût de mon enfance

Quoi de meilleur que les saveurs de l’enfance ?

L’odorat, la saveur, le goût sont les tous premiers sens qui nous informent sur le monde qui nous entoure. Alors même qu’on ne comprend pas les sons, ni les paroles, ni les images encore floues et inconnues.

Lorsqu’on est petit, il y a la table des grands avec des mets de choix, et celle des petits avec des mets de petits. Des coquillettes, du jambon blanc, des petits suisses… tout est blanc. Tout est neutre ou fade.

Mais qui a dit que les enfants n’avaient pas de papille ? Pourquoi ne donne-t-on pas des mets de choix aux enfants et des coquillettes aux parents ?

Quand j’étais petite, dans le jardin familial, vivait un corossolier. Cette odeur si particulière, et la saveur de son fruit bien mûr se sont imprégnées dans mon épigénome. Dès le retour à ces odeurs que je ne peux pas retrouver ici en France, et ce sont tous mes souvenirs de première enfance qui ressurgissent : la voix de maman, les chants de mes sœurs, le bruit des Alizées, l’écho de la mer, la chaleur du soleil, le frais du carrelage de la maison …

Plus tard, ce sont les petits plats de maman ou des mets de grand-mère qui surgissent. La crème au chocolat, le lait concentré sucré, le poulet rôti et la « vraie » purée de pommes de terre dans laquelle on creusait un puits pour le jus, la glace à la vanille de Bablise, la cuisinière, mais aussi, les tartines de pain beurre confiture du dimanche matin.

Là-dessus, on grandit, on forme plus ou moins son palais à d’autres mets adulte, influencés par son milieu social, familial, amical ou amoureux. Foie gras ou côte de bœuf, agneau en méchoui ou escargots de Bourgogne, poisson grillé ou autres ratatouilles d’été…

Et puis les menus commencent à se faire envahir de mets prêts à manger.  La purée devient instantanée, tout comme les plats cuisinés, le pain devient mousse blanche et fade, qui, même grillée, est toujours fade. La confiture et le beurre ont été remplacé par une margarine, pâle et inodore, mais « saine » !  Mais déjà, voici les modes du « nouveau ». Nouvelles aromatisation des mets tellement banaux qu’il faut se battre pour subsister dans les rayons. Glaces, chips, bières, crackers, cacahuètes ou snacks… Nouveau.

Nouvel arôme de glace  (à la vanille Bourbon, puis aux cookies complexes, puis au basilic et banane, puis au roquefort… ). Nouveau aussi, l’houmous à la betterave crevetée ou le lait de noix de cajou, les OVNI (objet végan non identifiable), les chips qui s’affichent à toutes sortes de goûts. Des bières au cidre, à la moutarde ou au piment, de la glace au munster, des saucisses de lentilles goût lardon, … nouveau.

Je veux le goût des aliments. Redonnez-moi les fondamentaux de l’enfance. Les saveurs de la toute première enfance.

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