Source : pro Nutri-Score
Le mois dernier, la Commission Européenne a remis un rapport portant notamment sur l’étiquetage nutritionnel des aliments.
Qu’est-ce qu’il en ressort ?
La multitude d’étiquetages possibles sur la face avant des emballages conduit le consommateur à la confusion et à la perte de confiance. Cette multiplication peut également engendrer des problèmes pour les échanges commerciaux européens ou internationaux, obligeant par exemple les entreprises à apposer le système le plus utilisé dans le pays acheteurs pour être compris par les consommateurs.
De ce flou est né la volonté d’une harmonisation.
Et le système ayant donné les meilleurs résultats semble être le Nutri-Score®, porté par de nombreuses parties prenantes.
L’an dernier, une initiative citoyenne européenne pro-Nutri-Score® a même vu le jour, rassemblant plus de 30 associations de consommateurs, entreprises, ministres et universitaires.
Cet indicateur de la qualité globale possède plusieurs atouts. Il est très visuel grâce à un code couleurs associé à des lettres, intuitif et rapide pour prendre une décision.
D’après les études, un étiquetage nutritionnel simplifié est utile pour les consommateurs, notamment pour les personnes en surpoids ou obèses, qui sont plus susceptibles d’être influencées par un tel étiquetage. C’est également un outil positif pour les milieux socio-économiques les plus modestes. En pratique, on constate que les étiquettes rouges sont plus fréquemment évitées mais les vertes pas forcément plus choisies.
Il faut cependant garder à l’esprit que la plupart des études sont expérimentales et non en conditions réelles. Deux études ont été réalisées dans un vrai magasin, avec des produits étiquetés dans 2 rayons. Elles ont déterminé que les paniers étaient plus sains. Par ailleurs, à domicile, les gens ne mangeaient pas plus de produits sains (le syndrome de la cigarette allégée que l’on se permet de fumer plus ! ).
Or, de nombreux facteurs peuvent influer le consommateur en magasin (faire ses courses avant de manger par exemple…). On a donc, avec ces études, un aperçu de l’efficacité relative du Nutri-Score®. Reste à confirmer son efficacité sur populations défavorisées nutritionnellement et sur le long terme, sans effet d’habituation.
D’autant plus que nos sentiments prennent souvent le dessus : les consommateurs lisent moins les étiquettes des produits « mauvais pour la santé », souvent « E rouge » car ils cherchent à se faire plaisir sans culpabiliser en achetant ces produits.
De plus, le Nutri-Score® est encore trop peu connu : seuls 4 Français sur 10 le connaissent. Bien qu’il soit adopté dans 6 pays européens, sa notoriété doit encore progresser !
Certains industriels sont encore réticents à la mise en place obligatoire du Nutri-Score®, notamment car il est difficile de reformuler certains produits. C’est par exemple le cas des spécialités régionales dont les recettes sont souvent riches et qui pourraient être délaissées par les consommateurs… C’est aussi le cas, paradoxalement, des produits « naturellement » sains : des cacahuètes non salées Nutri-Score® A vont rivaliser avec du pur jus d’orange pressé Nutri-Score® C qui est pourtant plus favorable à la santé.
Il nous semble donc que cet outil pourrait être pertinent surtout pour inciter les industriels afin qu’ils se penchent sur leurs recettes pour les améliorer, et bien sûr, pour sensibiliser et toucher et donner des clés communes à de nombreux européens. Cependant, le rendre obligatoire paraît encore loin…
Il faut également y associer une certaine éducation nutritionnelle : le Nutri-Score® n’est pas un coach nutritionnel mais une aide pour mieux guider ses achats. Il faut bien le comprendre et l’utiliser, et ne pas acheter des cacahuètes Nutri-Score® A et manger tout le sachet !
Sources :
Rapport de la Commission au Parlement Européen et au Conseil relatif à l’utilisation des formes d’expression et de présentation complémentaires de la déclaration nutritionnelle. Bruxelles, le 20 mai 2020
Credoc, Consommation et modes de vie N°CMV311, mai 2020