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Peut-on toujours se fier aux enquêtes sur les comportements alimentaires ?

Les sources d’information qui renseignent sur les comportements alimentaires (consommation apparente, panels de distributeurs et de consommateurs, enquêtes de suivi des achats, enquêtes d’opinion, études qualitatives, etc.) apportent souvent de précieux et fidèles résultats.

Néanmoins, elles souffrent aussi de biais créant parfois des décalages entre les comportements déclarés et les comportements réels.

Ce problème, qui n’est pas propre à l’alimentation, est lié aux caractéristiques des répondants (défaut de mémoire, rationalité imparfaite, sentiments, représentations mentales et croyances, attitudes psychiques, etc.) et aux contextes de leurs réponses (lieu, moment, situation sociale, etc.).

Il est lié également aux démarches et méthodes utilisées pour recueillir les informations (questionnaire, entretien, carnet de consommation, échelle d’attitudes, techniques essentiellement déclaratives, échantillonnage, etc.) et à leurs modalités ultérieures de traitement.

Des précautions de méthode et le croisement des sources sont donc indispensables.

L’inexactitude des auto-déclarations portant sur les consommations réelles peut découler des protocoles de recueil d’informations, des outils de mesure, ou encore de caractéristiques des enquêtés.

Une autre source d’erreur vient du rapprochement entre des données disparates, et par exemple de conclusions abusives sur les comportements réels tirées d’opinions ponctuelles. Les sondages sur l’alimentation souhaitable ou souhaitée peuvent n’avoir qu’une faible valeur prédictive des ingestions et achats faits en situations réelles.

Afin d’améliorer la connaissance et la compréhension des comportements des mangeurs et améliorer l’action en matière de Santé publique qui en découle, il semble judicieux de renforcer les consignes et les rappels concernant le bon remplissage des carnets alimentaires, à chaque nouvelle journée, afin de réduire le risque de sous-déclaration. Qu’il s’agisse des données CCAF ou INCA, aucun ajustement n’est en effet pour l’instant effectué pour « recaler » les données.

L’identification des catégories d’aliments les plus sous-déclarées, jour après jour, pourrait servir à imaginer des procédures de rappels et de contrôles supplémentaires afin de réduire le biais lié à la sur-sollicitation des enquêtés.

Enfin, il serait intéressant d’analyser, sur un temps plus long, les corrélations entre opinions exprimées sur les réseaux sociaux et données d’achats.

En arrivant à identifier les écarts entre les conduites alimentaires déclarées et les conduites effectives, l’étude propose des pistes d’amélioration et de correction de collecte de données qui ouvrent des perspectives pour une action publique plus ciblée car mieux adaptée à la réalité des pratiques quotidiennes des consommateurs.

Alix de Reynal

 

Source : Des comportements alimentaires déclarés aux comportements alimentaires réels : mesurer et comprendre les écarts pour améliorer l’action publique

Gabriel Tavoularis, Pascale Hébel, France Bellisle, Serge Michels et Aude Le Rhun

NESE no 47, Juillet 2020, pp. 7-42

 

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