En l’absence de données actualisées depuis 10 ans, des chercheurs* ont réalisé une étude pour quantifier les prescriptions médicamenteuses en pédiatrie ambulatoire en France en 2018-2019 afin de les comparer aux résultats de 2010-2011.
L’analyse a été réalisée sur les dispensions remboursés de médicaments prescrits en ambulatoire (hors hospitalisation) par des médecins, sages-femmes ou dentistes, sur l’ensemble des enfants de moins de 18 ans, vivant en France. 230 millions de prescriptions ont été analysées sur la période.
Merci Michel de Gentile
L’étude montre que 86 % des enfants de moins de 18 ans ont été exposés à au moins une prescription de médicaments sur la période récente (+4 % Vs 2010), les enfants de moins de 6 ans étant les plus exposés ( 97 %).
Les classes thérapeutiques les plus prescrites sur la période 2018-2019 étaient les analgésiques (64 %), les antibiotiques (40 %), les corticoïdes par voie nasale (33 %), la vitamine D (30 %), les anti-inflammatoires non stéroïdiens (24 %), les antihistaminiques (25 %) et les corticoïdes par voie orale (21 %).
La prescription d’antibiotiques a baissé de 12 % par rapport à 2010, tandis que les corticoïdes oraux se sont stabilisés.
La France est l’un des pays les plus prescripteurs en pédiatrie ambulatoire, même si la comparaison avec nos voisins doivent être conduites avec prudence, tant les systèmes de santé différent, notamment les politiques de remboursement.
Cependant, les comparaisons effectuées entre quelques pays à économie similaire, montrent par exemple, que les fréquences de prescriptions de corticoïdes par voie orale pour les enfants français étaient 5 et 20 fois plus élevées que celles observées pour des enfants américains et norvégiens. Pour les antibiotiques, la fréquence de prescriptions aux enfants français était 5 fois supérieure à celle observée aux Pays-Bas.
Pour les chercheurs, ces niveaux élevés de prescriptions pourraient s’expliquer notamment par l’image positive qui est associée aux médicaments en France, tant dans la population que parmi les prescripteurs. Dans les autres pays à économie avancée, il existerait un rapport plus conscient de la balance bénéfice-risque des médicaments.
Une meilleure information de la population et des prescripteurs vis-à-vis de l’usage des médicaments chez l’enfant est indispensable.
- Chercheurs de l’INSERM, du CRESS, de l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines / Université Paris-Saclay et de l’AP-HP, du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare,
Paediatric outpatient prescriptions in France between 2010 and 2019: A nationwide population-based study: Paediatric outpatient prescriptions in France, 2010 to 2019 – Marion Taine et al. The Lancet Regional Health Europe, Volume 7, August 2021, 100129
Alix de Reynal, NutriMarketing