Et si notre espérance de vie pouvait être prédite grâce aux microorganismes qui colonisent notre système digestif ? Une étude publiée en février par des chercheurs de l’Institute for Systems Biology (ISB) de Seattle semble l’affirmer. D’après eux, le profil du microbiome intestinal prédit la survie chez l’Homme.
En analysant les microbiomes intestinaux, les données phénotypiques et cliniques de plus de 9 000 adultes âgés de 18 à 101 ans, les chercheurs ont remarqué qu’à partir de 40-50 ans, la tendance est à la différentiation des microbiomes des uns et des autres, ce qui a un lien avec notre état de santé globale.
Les enfants partis écouter le microbiome du requin de Tokyo
Faisons une rapide synthèse de la composition de notre microbiote le long de notre vie : chez un individu sain, la composition est très variable au début de la vie, puis se stabilise et commence à nouveau à présenter des changements progressifs avec l’avancée en âge. Le principal changement est le déclin régulier des genres bactériens fondamentaux, comme les Bacteroïdes, présents chez tous les humains.
L’équipe de recherche a identifié 2 schémas de vieillissement du microbiome intestinal qui permettraient de surveiller et modifier la santé tout au long de la vie humaine :
- Un déclin des microorganismes principaux et une augmentation de l’unicité chez les individus en bonne santé
- Le maintien des microorganismes principaux chez les individus en moins bonne santé.
Quand on met en parallèle la composition du microbiome et celle du plasma sanguin, on trouve des corrélations intéressantes. Chez les sujets ayant un microbiome évolué et unique, on note la présence de deux métabolites : l’indole, qui prolonge la durée de vie chez les souris, et la phénylacétylglutamine, généralement présente en grande quantité dans le sang des centenaires. De plus, ces sujets sont généralement en bonne santé, contrairement à ceux dont la composition microbienne intestinale n’est pas unique.
Ces observations poussent les chercheurs à affirmer que le microbiome peut non seulement refléter, mais également contribuer à une plus longue durée de vie. Il est important de garder en tête qu’un microbiome à 60-70 pas n’est pas le même qu’à 20-30 ans : cela suggère que les recommandations diététiques et probiotiques visant à améliorer la santé du microbiome intestinal devront peut-être être adaptées à l’âge de chaque individu et à son microbiote, ce qui va dans le sens de la personnalisation.
Encore une fonction non explorée du microbiote, qui semble nous cacher encore beaucoup de ses secrets.
Constance GOUJARD – NutriMarketing
Source : Wilmanski, T., Diener, C., Rappaport, N. et al. Gut microbiome pattern reflects healthy ageing and predicts survival in humans. Nat Metab 3, 274–286 (2021).