L’UFC-Que Choisir a fait une analyse critique des 14 000 contrôles sanitaires officiels sur les aliments vendus en France : plus de la moitié des fruits et légumes issus de l’agriculture intensive testés sont contaminés par des pesticides suspectés d’être cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou l’AdN, ou perturbateurs endocriniens. L’UFC-Que Choisir a épluché les analyses officielles de 14 000 échantillons de produits bio et conventionnels (1) et a trouvé parmi les pesticides détectés pas moins de 150 substances suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens (2) : pomélo (27,4 %), pomme (80 %), cerise (92 %), etc.
L’étude montre que les aliments Bio sont beaucoup moins contaminés notamment en raison de l’interdiction des pesticides de synthèse pour ce mode de production. Par rapport aux produits conventionnels, on relève pratiquement six fois moins d’échantillons de tomates bio contaminées par des pesticides à risques (1 échantillon sur 10 en bio contre près de 6 sur 10 en conventionnel), sept fois moins pour les haricots verts bio et huit fois moins pour les pommes. Et quand les produits bio sont contaminés, les teneurs relevées sont beaucoup plus faibles qu’en conventionnel. Seules 8 % des échantillons contiennent des substances à dose décelable.
Les produits Bio seraient donc un moyen pour échapper aux pesticides, mais est-ce un moyen admissible, dès lors que la réglementation est supposée protéger les consommateurs ?
L’UFC-Que Choisir note que ces contrôles tiennent essentiellement compte des limites maximales de résidus autorisées (LMR) par la réglementation. Mais les substances susceptibles d’être cancérogènes, toxiques pour les fonctions reproductrices ou les perturbateurs endocriniens, pourraient être nocives pour la santé même à très faibles doses. La conformité aux LMR est donc une notion obsolète qui n’offre pas de protection suffisante pour ces substances dont aucune trace ne devrait être tolérée, d’autant plus que leur action peut être accrue lorsqu’elles sont présentes en mélange (effet cocktail). De plus, les procédures de réévaluations attendent généralement la fin des périodes d’autorisation. Ainsi, malgré l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui considère le glyphosate comme un cancérogène probable, la Commission Européenne a prolongé en 2017 son utilisation de 5 ans. Quant à la France, malgré l’interdiction européenne des néonicotinoïdes, elle a prolongé l’utilisation de certains d’entre eux (3) sur la betterave au moins jusqu’à la fin 2022. La FNSEA et le ministre de l’Agriculture instrumentalisent les conséquences de la guerre en Ukraine, et demandent un abandon des propositions européennes pour renforcer le cadre réglementaire sur les pesticides.
L’UFC-Que Choisir saisit l’ANSES pour qu’elle formule des propositions concrètes d’amélioration de la réglementation.
Alix de Reynal, NutriMarketing