Face aux difficultés d’approvisionnement en matières premières rencontrées par certains professionnels du secteur agroalimentaire dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, une « souplesse » leur a été accordée par l’administration française : ils pourront dans certains cas modifier leurs recettes… sans que cela soit inscrit sur l’étiquette du produit ! Les cahiers des charges de nombreux produits sous signes officiels de qualité (Label rouge, AOP, IPG…) sont également impactés.
La DGCCRF accorde une souplesse pour des modifications mineures qui ne mettent pas en danger la sécurité des consommateurs. Mais cette promesse ne rassure pas l’AFPRAL (Association française pour la prévention des allergies), qui s’inquiète de voir des allergènes s’introduire dans les recettes dans l’indifférence générale, ce que la DGCCRF réfute en soulignant qu’aucun allergène connu ou émergent (kiwi, pois, sarrasin), ni pourra être introduit dans une recette sans être mentionné sur l’étiquette.
Reste la question de transparence due aux consommateurs. La DGCCRF garantit pour le moment que les produits concernés seront bientôt recensés sur son site internet, mais précise que « si la modification de recette a un impact majeur sur la qualité intrinsèque du produit, l’information doit être portée à la connaissance des consommateurs, en rayon ou sur les sites de vente à distance ».
Label Rouge, IGP, AOP
Face à l’effondrement de la demande et après avoir sur-stocké, des modifications provisoires de cahiers des charges ont été accordées par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) et publiées au Journal officiel depuis fin mars, afin d’éviter le gaspillage.
Mais l’INAO ne tient pas une liste précise des produits concernés…
Les fromages sont les plus concernés
Allongement du temps de traite et de transformation pour pallier à un manque éventuel de chauffeurs de collecte, ralentissement de la maturation des fromages, etc…
Certes, il s’agit de modifications temporaires – 2 semaines à 3 mois – pour éviter de jeter le lait et les fromages. Elles pourraient être reconductibles mais en aucun cas, définitives.
Sont concernés :
AOP : bleu d’Auvergne, le comté, le saint-nectaire, la fourme d’Ambert, la fourme de Montaison, le morbier, le roquefort, le mâconnais, le selles-sur-cher, le valençay et le sainte-maure-de-Touraine ou encore le laguiole
IGP : tomme de Savoie, gruyère
Label Rouge : Emmental
La viande
Afin de permettre l’étalement de la transformation et la commercialisation de la viande, un allègement des contraintes d’élevage provisoire est toléré (poids et âge à l’abattage relevés, possibilité de surgeler la viande, …)
Sont concernées les IGP comme les agneaux de Poitou-Charentes ou de Sisteron, le veau du Limousin, les AOP porc noir et jambon noir de Bigorre et volailles de Bresse
Quelques poissons d’aquaculture sont également concernés, comme le bar et le maigre.
Des modifications mineures et temporaires également pour le thym de Provence IGP, l’oignon de Roscoff, du bulot de Granville, …
A suivre de près !
Alix de Reynal