L’obésité est une maladie complexe qui impose d’avoir une prise en charge multidisciplinaire, allant de la médecine à la nutrition, la psychologie et le comportement… Complexe.
La construction d’un parcours de soins centré sur le patient est la clé, dixit le Pr Pierre-Louis Druais, vice-président de la Commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) de la HAS.
En effet, la stigmatisation, le regard critique, les impératifs « il suffit de manger moins » entraînent des ruptures de soins, une descente aux enfers parfois, ou une réaction vive et insolente qui cherche à revendiquer son surpoids. De tout ceci, rie n’est favorable à la santé du patient.
En France, le surpoids et l’obésité ne cessent de progresser. Selon l’enquête OBEPI 2023[1], un adulte sur deux en France est obèse ou en surpoids (20 % des enfants et adolescents), avec une hausse constante de l’obésité décrite comme un IMC≥ 30, dont la prévalence atteint 17% des adultes en 2020,
Surtout, l’obésité est presque quatre fois plus fréquente dans les populations défavorisées.
Tout simplement parce que la nourriture est un anxiolytique efficace. Manger permet de se réconforter. Le Covid a laissé son empreinte – toujours pour les moins favorisés, ainsi qu’un trop faible niveau d’activité physique
L’objectif des parcours de soins proposés par la HAS est « d’améliorer la prévention et de personnaliser les soins et l’accompagnement des personnes », en évitant « toute rupture de soins ». La concertation et la coordination des professionnels est nécessaire pour avoir « le juste enchaînement des soins, au bon moment et par les bons professionnels ».
Les 4 D du médecin généraliste : Dépister », Diagnostiquer », Discuter » et « Décider ensemble.
Il faut savoir dire au patient qui souhaite perdre du poids que c’est un vrai parcours, un vrai travail et qu’on compte beaucoup sur lui.
En priorité, on conseille une modification des habitudes alimentaires, l’activité physique, éviter la sédentarité, le rythme de vie…et des encouragements, ceci bien avant les médicaments et la chirurgie, considérés comme des options de dernier recours.
Des fiches sont disponibles pour les professionnels : elles visent à capitaliser sur tous les aspects de la santé (diabète, cardiaque, psychologie, l’éducation thérapeutique, améliorer l’alimentation. Le diététicien, l’infirmier, le professionnel de l’activité physique adaptée, le psychologue, le Kiné, l’ergothérapeute… ou encore le travailleur social, peuvent être recrutés en soutien, mais en laissant le patient choisir ses soignants.
Pour l’enfant et l’adolescent, le guide a été mis à jour en 2023 et souligne l’importance d’un dépistage précoce couplé à une évaluation des habitudes de vie, et 9 fiches détaillant le rôle de chaque soignant, le MG étant le chef d’orchestre du parcours de soin.
La chirurgie bariatrique est bien sûr évoquée : elle a fortement progressé ces dernières années pour atteindre près de 40 000 interventions en 2022. Alors que l’opération est trop souvent perçue comme une solution miracle, la reprise de poids est inévitable si les habitudes de vie ne sont pas modifiées.
Merci à Vincent Richeux / Medscape 1er mars 2024
- Guide du parcours de soins : surpoids et obésité de l’adulte, Haute autorité de santé, 28 février 2024.
- Guide du parcours de soins : surpoids et obésité chez l’enfant et l’adolescent(e), Haute autorité de santé, 17 avril 2023.
[1] Fontbonne A, Currie A, Tounian P, Prevalence of Overweight and Obesity in France: The 2020 Obepi-Roche Study by the “Ligue Contre l’Obésité”, Journal of Clinical Medicine, publication en ligne du 25 janvier 2023.