Le débat sur le rôle de l’agriculture est aujourd’hui relancé avec la stratégie « Farm to Fork » de l’Union européenne et les déséquilibres sur les marchés résultant du conflit en Ukraine. La vision productiviste, portée par plusieurs pays, dont la France, et par l’agrochimie, s’appuie sur un récit visant à « nourrir le monde ». Elle avance une urgence à relancer la production par tous les moyens, fût-ce au détriment de la biodiversité, pour ne pas affamer les pays du Sud dépendants des importations de céréales.
Pascal® – Académie d’agriculture de France
La vision écologique, portée par un nombre croissant d’acteurs de la recherche, de la société civile et de l’industrie, avance « qu’on ne nourrira pas le monde avec une nature dégradée ». Elle propose de changer de paradigme des modes de production, de consommation et d’échanges commerciaux, au nord comme au sud.
L’Académie d’agriculture de France explore les acquis scientifiques de l’agroécologie et les trajectoires qu’elle implique :
• En termes économiques, l’agroécologie offre des perspectives d’amélioration par des économies d’intrants pour les agriculteurs, pour autant qu’elle s’accompagne d’une évolution des modes de consommation alimentaire ;
• L’agroécologie est porteuse de sécurité et de résilience :
– pour l’Europe en réduisant sa dépendance vis-à-vis des autres continents, notamment de produits énergivores tels que les nitrates ;
– pour le reste du monde, car une réduction des importations européennes relâcherait les tensions pesant sur les marchés mondiaux, au bénéfice notamment des pays les plus pauvres.
• La diversité des assolements est aussi un facteur de résilience face à des aléas environnementaux et sociaux qui seront sans doute d’importance croissante.
Les trajectoires à adopter pour assurer cette transition écologique restent cependant sujet à controverses, en particulier parce que les politiques publiques à mettre en place sont loin d’être évidentes, qu’elles sont souvent riches en effets pervers.