photo : Patrick de SaintO
A la faveur de la pandémie de Covid-19, il apparaît que la mondialisation est juste le contraire de ce à quoi l’humanité aspire.
Vendue pour être un bouclier contre les crises de tous ordres, elle est en fait un levier qui accroit les maux au lieu de les atténuer. En effet, en moins de 12 ans, l’humanité a été confrontée à deux crises majeures et inattendues (2008 crise économique – 2020 Covid 19) et prise au dépourvu dans les deux cas. Elle a répondu et réponds cette fois encore avec force milliards, alors que la prévention eut été moins beaucoup onéreuse.
La pandémie de covid aura des conséquences alimentaire et humaine que l’on de quantifie pas pour le moment, notamment pour les pays du Sud qui vont générer des vagues migratoires aussi dramatiques qu’inévitables, qui auront des conséquences sur les économies du Nord.
Dès lors, il devient nécessaire d’anticiper la prochaine crise avant qu’elle ne nous surprenne – encore ! – en tirant les leçons de ce qui vient de se passer au niveau alimentaire pendant la pandémie Covid.
Il faut redonner à chaque continent une autonomie alimentaire : transformer la PAC en Politique Alimentaire Commune en Europe pour assurer les approvisionnements essentiels et créer des stocks alimentaires stratégiques à l’image du pétrole, peu coûteux mais indispensables pour fournir calmement les populations impactées en cas de crise.
En Afrique, il faut penser la politique alimentaire au niveau continentale fondée sur l’exploitation des complémentarités en réduisant drastiquement les coûts des échanges afin d’assurer à chacun le minimum pour vivre ou survivre. Les budgets alloués par les Etats ou par les organisations internationales pour développer l’agriculture dans les régions sud paraissent dérisoires au regard des sommes colossales proposées pour renflouer l’économie mondiale aujourd’hui
Dès lors que l’alimentation est reconnue comme essentielle à l’humanité avec un objectif de droit à une alimentation de qualité pour tous, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1947, il devient urgent de redonner de l’attractivité aux métiers de l’agriculture au Nord comme au Sud, en améliorant l’image des agriculteurs qui passaient encore récemment, pour des pollueurs ou pire pour des empoisonneurs !
Par ailleurs, cette crise rappelle l’importance de l’expertise et des travaux de recherche tout en montrant les limites de la science face aux aléas de la nature.
Si demain doit exister et être meilleur qu’aujourd’hui, il faut un code de bonne conduite qui implique des modifications profondes dans les comportements des consommateurs – alimentation variée et équilibrée, de saison, réduisant l’apport en protéines animales au profit des protéines végétales – mais également du modèle de production basé sur la durabilité – diversification par l’agroécologie, généralisation de l’écoconception industrielle et logistique, …
Cela implique une relocalisation durable des productions qui trouvent des débouchés locaux mais également à l’exportation pour les produits du terroir.
Alix de Reynal