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Alimentation Post Covid : 5 scenarii possibles

1 : L’après-guerre

Après la crise sanitaire, priorité à la convivialité et à la fête, pour l’environnement et la planète, on verra plus tard.

Le confinement a été une véritable épreuve pour la population, contrainte dans ses activités personnelles et économiques. Malgré l’importance de la crise, il n’y a pas faillite du système bancaire. La relance économique dans une logique productiviste à court terme est donc prioritaire et bénéficie d’un soutien public massif, malgré les conséquences environnementales : la gestion de la crise climatique passe au second plan.

Grâce à la disponibilité d’un vaccin, la crise sanitaire n’est plus un problème. La contrainte de l’isolement est temporaire, le télétravail limité.

Le retour à une vie sociale normale voire compensatrice est plébiscité. La consommation revêt les attributs d’un acte libératoire. La fête, les déplacements, la culture, le tourisme sont les nouvelles priorités. La consommation hors domicile en général connaît un rebond important. Le recul de l’alimentation santé se fait donc au profit de l’alimentation festive. Si une valorisation de la production locale, du bio et des circuits courts est possible (sans être prioritaire), l’acte d’achat n’est réalisé que si les prix restent accessibles.

 

2 : Alimentation contrôlée dans une sortie de confinement qui s’éternise

A l’issue de plusieurs mois de confinement et de dé-confinement anxiogènes, la crise alimentaire a lieu. Le discours liant crise sanitaire et changement climatique a été adopté dans les médias et par les acteurs politiques, conduisant à une relance économique en faveur d’une « économie verte » et « néo- protectionniste » limitant les dépendances et à un nouveau modèle de vie sociale associant décroissance et limitation de la mobilité. E-commerce et télétravail sont banalisés. Divers systèmes de distribution sont testés avec des points de retrait, de la place de village à la barre d’immeuble (en attendant la livraison par drone). Les achats se font via internet, et les grands hypermarchés ferment les uns après les autres. La restauration dans les zones d’activité souffre du télétravail, et celle liée au loisir décline. Seules les enseignes de fast-food rentabilisent une activité où la consommation sur place reste marginale.

La suppression de la cuisine est la règle dans les logements sociaux en construction, et les immeubles de bureau délaissés sont reconvertis en habitats sociaux. La classe aisée urbaine dispose d’une alimentation riche de services et son budget alimentaire connait une augmentation. Pour la classe moyenne, la commande de repas livrés à domicile peut être complétée par des préparations culinaires à domicile à partir de produits peu chers.

 

3 : Recentrage sur les produits nationaux sauf pour l’entrée de gamme

L’épidémie reprend à l’hiver 2020/21 sans retour au confinement (moyens en réanimation suffisants). Malgré le soutien public massif déployé, la trajectoire dépressive de l’économie affecte la planète. Le cadre européen est assoupli, chaque pays de l’UE tente ses propres solutions selon sa situation : la PAC est sacrifiée mais les aides nationales prennent le relais ; en France, le gouvernement opte pour un « new deal » associant relance et réorientation de l’économie.

La population oriente les priorités de ses choix de consommation en fonction de son exposition aux difficultés économiques et aux risques sanitaires.

Les filières agricoles et agroalimentaires françaises doivent répondre à cette demande, et bénéficient d’un soutien public limitant les importations aux seules entrées de gamme. Les produits les plus onéreux souffrent (viande rouge, restauration traditionnelle…). Certaines pratiques (télétravail, e-commerce, livraison à domicile, circuits courts…) continuent leur développement alors que d’autres (vrac vs préemballé, fait maison vs plats préparés livrés…) sont arbitrées le pouvoir d’achat et la sécurité sanitaire.

La part de l’alimentation dans le budget des ménages augmente, causée par la baisse des revenus ou par l’achat de produits de qualité.

 

4 : Feux verts, une alimentation saine accompagnant une transition environnementale et écologique

La situation sanitaire du pays reste maîtrisée après la sortie de confinement. La récession est forte mais la France maintient la majeure partie de ses capacités économiques grâce au chômage partiel et aux interventions ciblées de soutien. La perspective d’un Green Deal européen se précise pour faciliter la transition environnementale et énergétique.

Le télétravail et la digitalisation des rapports sociaux dans la vie courante sont vécus comme une réponse pertinente à cette exigence de sécurité sanitaire qui passe nécessairement par la lutte contre le changement climatique et la dégradation de la biodiversité.

Le consommer « moins mais mieux », se traduit par un renoncement partiel aux protéines animales. Si certains choisissent l’alimentation ultra-transformée la plus fonctionnelle possible voire futuriste, la majorité des consommateurs souhaite une alimentation « exemplaire » en matière sanitaire et environnementale et la plus naturelle possible.

Les circuits de ventes directes deviennent très importants dans l’offre alimentaire. La restauration développe massivement la vente à emporter notamment en réponse à l’augmentation du télétravail. Dans les grandes surfaces, les rayons traiteur se développent et les commerces tels que les boulangeries étendent leur offre snacking.

 

5 : Précarité alimentaire : En période de crise généralisée l’alimentaire devient une valeur refuge et politique

Un nouvel épisode épidémique conduit la France à se reconfiner à l’automne 2020. Une crise financière inédite et mondiale éclate peu après. Les difficultés économiques et le ralentissement du commerce international créent des pénuries, entraînant une insécurité alimentaire difficilement suppléée par des distributions caritatives.

L’appauvrissement de la population fait du prix le principal critère de choix de la majorité des consommateurs, favorisant un redéploiement du hard discount, des épiceries solidaires et du « fait maison » avec les produits bruts et en vrac pour économiser sur le packaging.

La GD se lance dans une guerre des prix et étoffe ses marques de distributeur. La viande devient un produit de luxe. L’Etat subventionne l’alimentation quotidienne des plus démunis, et développe les drives locaux et la livraison à domicile pour les travailleurs pauvres.

Confinement, télétravail et perte d’emploi favorisent un exode urbain et la prise de conscience du lien agriculture – alimentation. Autoproduction ou achat direct renvoient aux « madeleines de Proust » ou s’envisagent comme un acte politique à travers une consommation « responsable et solidaire » (envers le « Made in France », les petits commerçants, les PME locales…).

 

Source : FranceAgriMer

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