D’après les enquêtes du CREDOC[1], bien que la consommation de protéines ait baissé en France, celle-ci reste élevée, à raison de 82 g/jour en moyenne. Les recommandations étant de 0,83 kg de protéines / kg de masse corporelle / jour pour un adulte (ces recommandations varient selon l’âge, l’activité physique, si on est enceinte etc.), la consommation moyenne est globalement supérieure aux recommandations (lorsque l’on considère le poids médian d’un Français / une Française). Bien sûr, cela varie d’un individu à l’autre, mais il ne faut pas penser que toute notre consommation de protéines, même surdosée, est utilisée par l’organisme (non, on ne fait pas que du muscle) !
Certes, elles sont indispensables à la masse musculaire, mais elles sont aussi essentielles à l’ensemble des réactions de notre organisme.
Mais trop en consommer, au-delà de surcharger les reins, pourrait avoir des effets négatifs sur la santé cardiovasculaire et métabolique. C’est ce que souligne une nouvelle étude de Mittendorfer et al., publiée dans Nature Metabolism.
D’après cette étude, certains acides aminés, indispensables pour l’organisme, seraient impliqués dans des mécanismes de signalisation au niveau cellulaire en lien avec des maladies cardiovasculaires, lorsque présents en quantités trop importantes. Par exemple, la leucine stimule les macrophages, qui éliminent les débris dans les vaisseaux sanguins, empêchant la formation de plaque. Cependant, à dose trop importante, l’activité cellulaire des macrophages peut s’épuiser et provoquer une accumulation contre-productive dans les vaisseaux, et donc de l’athérosclérose. Cette dernière est un facteur de risque important de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral.
D’après les chercheurs, la consommation quotidienne de plus de 22 % de calories provenant de protéines comporterait plus de risques que d’avantages.
Cette étude combine des petits essais sur des humains et des expériences sur des souris et des cellules. Des études d’intervention avec des cohortes plus larges seraient nécessaires pour infirmer ces premières conclusions.
Rappelons qu’il est conseillé de consommer 2/3 de protéines végétales et 1/3 de protéines animales, à la fois pour sa santé et pour l’environnement. A l’heure actuelle, les Français sont encore sur un ratio inverse (1/3 de protéines végétales et 2/3 de protéines animales)[2].
Résumé d’après l’article de Eric Slusher (Missouri University) dans Futurity, basé sur la publication de Zhang X., Kapoor D., Jeong S., Fappi A., Stitham J., Shabrish V., Sergin I., Yousif E., Rodriguez-Velez A., Yeh Y., Park A., Yurdagul A., Rom O., Epelman S., Schilling J., Sardiello M., Diwan A., Cho J., Stitziel N., Javaheri A., Lodhi I., Mittendorfer B. et Razani B., 2024, Identification of a leucine-mediated threshold effect governing macrophage mTOR signalling and cardiovascular risk, Nature Metabolism, 6, 359-377
[1] CREDOC, Enquêtes CCAF 2010 et 2019
[2] ibidem