On sait bien que le cerveau entre en jeu dans la plupart des réactions de notre organisme, et c’est notamment le cas dans l’équilibre de la glycémie. En effet, lorsque cette dernière est trop élevée ou trop faible, des neurones spécialisés du cerveau, appelés neurones à pro-opiomélanocortine (POMC), déclenchent un message d’alerte aux organes pour rétablir l’équilibre.
Mais le système est très contrôlé, tout ne rentre pas dans le cerveau, bien protégé par un lourd cordon de sécurité ! Cette barrière hémato-encéphalique filtre tout ce qui arrive depuis notre organisme dans le sang et ne laisse passer que le nécessaire : les sucres pour nourrir le cerveau sont autorisés à entrer mais les toxines ou agents infectieux ne passent pas.
Alors, comment les signaux nutritionnels peuvent-ils atteindre les neurones à POMC rapidement pour une réponse adaptée ?
Des chercheurs de l’Inserm ont fait de nouvelles découvertes sur le mécanisme. Premièrement, les neurones à POMC sont sensibles non pas aux variations du taux de glucose mais à celles de l’un de ses métabolites, le lactate, produit par des cellules nerveuses spécifiques, les tanycytes. Deuxièmement, il n’existe que cinq points au niveau desquels le cerveau peut recevoir des informations de la périphérie. Et c’est à l’une de ses portes, scientifiquement « l’éminence médiane », une zone de l’hypothalamus, que l’on trouve des tanycytes.
On savait que ces cellules étaient associées à la transmission des messages de la leptine ou de la ghréline, on sait maintenant qu’elles relaient aussi l’information du statut glycémique (via les taux de lactate, qu’elles produisent à partir du glucose présent dans le liquide céphalorachidien qui abrite le cerveau) aux neurones à POMC.
Ces données pourraient permettre d’améliorer les traitements contre le diabète de type 2, en ciblant par exemple les transporteurs de lactate au niveau des tanycytes.
Source : Inserm, issu de l’article Lhomme T et coll. Tanycytic networks mediate energy balance by feeding lactate to glucose-insensitive POMC neurons, The Journal of Clinical Investigation, juillet 2021