Les chercheurs de l’Université de Montréal ont montré que le revenu des agriculteurs est impacté négativement lorsque les consommateurs achètent des aliments ultra-transformés plutôt que des aliments frais et peu transformés comme des légumes et des fruits.
L’étude, commandée par Cœur + AVC, a permis d’évaluer l’incidence des dépenses des consommateurs pour onze catégories de produits alimentaires couramment consommés, classés comme « sains » ou « à faible valeur nutritive » en fonction du type de transformation subi et des recommandations figurant dans le Guide alimentaire canadien.
Un modèle économique de toutes les transactions entre les secteurs de l’industrie, notamment les agriculteurs, les transformateurs alimentaires, le transport, l’entreposage et les intermédiaires commerciaux, a été utilisé pour savoir si les agriculteurs ont des revenus plus élevés lorsque les gens achètent des aliments frais et peu transformés comme des légumes et des fruits, ou lorsqu’ils achètent des produits ultra-transformés comme des jus de fruits et des collations salées.
Le modèle montre que les agriculteurs obtiennent une part plus importante des revenus totaux lorsque les gens achètent des aliments frais ou peu transformés comme des légumes et des fruits. Ainsi, pour chaque dollar dépensé sur des pommes de terre fraîches, des légumes frais ou des fruits frais et des noix, les agriculteurs reçoivent respectivement 21 ¢, 13 ¢ et 5 ¢. Pour ce qui est des aliments ultra-transformés, notamment les biscuits, leur revenu chute à 2 ¢ par dollar dépensé. Il a diminué encore plus, à 1 ¢ pour chaque dollar, pour les jus de fruits et de légumes.
French Moubarac Infographic (Groupe CNW/Fondation des maladies du cœur et de l’AVC)
En fait, les agriculteurs reçoivent une part des revenus trois à huit fois supérieure lorsqu’ils vendent des produits frais aux consommateurs, par rapport à lorsqu’ils vendent ces mêmes aliments comme ingrédients pour la fabrication de produits ultra-transformés.
Il en ressort que les politiques qui soutiennent, promeuvent et protègent la production et la consommation d’aliments sains et peu transformés sont essentielles pour lutter contre la survenue de maladies, car une alimentation riche en produits ultra-transformés est associée à des taux plus élevés de maladies chroniques, y compris l’hypertension, les maladies du cœur et le diabète de type 2, mais également pour soutenir le secteur agricole.
Les chercheurs soulignent que les politiques pour l’étiquetage nutritionnel sur la face avant des emballages, les restrictions sur le marketing des boissons et aliments à faible valeur nutritive ciblant les enfants, ainsi que celles qui répondent aux défis de la sécurité alimentaire, seraient avantageuses non seulement pour la santé de la population et de notre planète, mais aussi pour les revenus des agriculteurs. »
Comparaison entre la demande des consommateurs pour les produits ultra-transformés et celles pour les produits frais ou peu transformés : incidence que les revenus des agriculteurs canadiens et sur le reste du système alimentaire – Rimouche S, Lemelin A, Moubarac JC – www.cresp.ca/fr/actualite/une-pomme-par-jour-pour-augmenter-les-revenus-des-agriculteurs