Bien qu’elles ne couvrent que 3 % de la surface des terres émergées, les tourbières renferment plus de 30 % du carbone stocké dans les sols, sous forme de matière organique profondément enfouie et en voie de fossilisation. Les scientifiques estiment ce stock colossal : entre 500 et 1 000 gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de 56 à 112 % du carbone actuellement présent dans l’atmosphère terrestre.
Dans ces écosystèmes, certains micro-organismes libèrent du dioxyde de carbone (CO₂) par respiration, tandis que les microalgues, au contraire, en absorbent grâce à la photosynthèse. Or, l’élévation des températures due au changement climatique stimule cette activité photosynthétique microbienne, renforçant ainsi la capacité des tourbières à capter le CO₂ atmosphérique.
Selon un modèle prédictif développé par un chercheur du CNRS et ses collègues européens, les microalgues présentes dans les tourbières pourraient, à elles seules, compenser jusqu’à 14 % des émissions futures de CO₂ grâce à leur activité photosynthétique.
Ces travaux révèlent un volet encore largement méconnu du cycle du carbone terrestre et montrent comment les perturbations climatiques d’origine anthropique l’influencent.
Jusqu’à présent, les scientifiques avaient largement négligé ces mécanismes de captation du CO₂ par les microalgues du sol dans les projections climatiques, faute de données disponibles. Pourtant, loin d’être anecdotiques, ces processus naturels de fixation du carbone pourraient contribuer à atténuer les effets du changement climatique dans les années à venir.
Néanmoins, la protection des tourbières, couplée à une réduction significative des émissions mondiales de CO₂, demeure la stratégie la plus efficace pour freiner l’aggravation du dérèglement climatique.
Source : https://doi.org/10.1038/s41558-025-02271-8 , https://www.cnrs.fr/fr/presse/le-potentiel-des-tourbieres-capturer-du-carbone-revu-la-hausse-avec-laugmentation-des