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Nous faire grossir pour mieux nous faire maigrir ?

Les tendances de consommation en France et Europe indiquent bien la préoccupation majeure vers une alimentation plus saine et durable. Pour autant, le Nutella est encore le TOP n°1 des ventes… Dire et faire, ce n’est pas pareil.

Les grandes entreprises alimentaires américaines, comme Mars et Smucker’s, continuent d’investir massivement dans des produits sucrés et caloriques, malgré les préoccupations croissantes concernant les effets de ces produits sur la santé. Par exemple, Mars a acquis Kellanova, le fabricant de Pringles et Pop-Tarts, pour 36 milliards US$, tandis que Smucker’s a racheté Hostess Brands, connu pour ses Twinkies, pour 6 milliards US$. Ces acquisitions montrent à quel point le secteur des aliments transformés reste lucratif, avec des marges d’exploitation élevées, bien supérieures à celles des supermarchés.

Malgré l’inflation, leurs ventes ont continué de croître, en grande partie grâce à la demande croissante dans les pays en développement.

Cependant, l’industrie est confrontée à plusieurs défis majeurs. D’une part, l’impact potentiel des nouveaux médicaments pour la perte de poids, comme le Wegovy et le Zepbound, pourrait réduire la consommation de produits caloriques. Ces médicaments, bien que coûteux et nécessitant des injections hebdomadaires, sont de plus en plus utilisés, et leur adoption devrait s’accélérer avec l’arrivée de versions sous forme de pilules. Les patients sous ces traitements ont signalé une diminution significative de leur appétit pour les aliments riches en calories, ce qui pourrait entraîner une baisse de la demande pour certains produits, comme les snacks et les confiseries.

En réponse à ces évolutions, les grandes entreprises alimentaires s’adaptent en développant des produits plus sains et en lançant de nouvelles gammes destinées aux consommateurs soucieux de leur santé. Nestlé, par exemple, a lancé une nouvelle marque de produits surgelés, Vital Pursuit, spécialement conçue pour les utilisateurs de ces médicaments, qui doivent maintenir un apport nutritionnel suffisant malgré une réduction de leur consommation alimentaire. De plus, l’entreprise vise à augmenter de 50 % ses ventes de produits « plus nutritifs » d’ici la fin de la décennie.

Un autre défi de taille pour l’industrie est la montée des critiques contre les aliments ultra-transformés (UPFs). Ces aliments, qui incluent des produits comme les céréales pour petit-déjeuner, les chips, les barres protéinées et les viandes artificielles, sont de plus en plus pointés du doigt pour leur contribution à l’obésité et à divers problèmes de santé. Bien que la recherche sur les effets spécifiques des UPFs soit encore en développement, certains gouvernements, comme la Colombie, ont déjà commencé à imposer des taxes sur ces produits, et plusieurs pays, dont la Belgique, le Brésil et le Canada, recommandent de les éviter dans leurs directives alimentaires.

Les entreprises alimentaires, bien qu’elles suivent de près ces débats, restent pour la plupart sceptiques quant aux critiques des UPFs. Par exemple, le PDG de PepsiCo a déclaré ne pas croire au concept des UPFs, tandis que Nestlé surveille attentivement l’évolution de la situation. Toutefois, si la pression des gouvernements augmente, l’industrie pourrait être contrainte de revoir en profondeur ses processus de fabrication, ce qui pourrait rendre la production plus coûteuse et réduire la durée de conservation des produits, impactant ainsi les marges bénéficiaires.

En somme, bien que les grandes entreprises alimentaires aient réussi à prospérer malgré les préoccupations liées à la santé des consommateurs, elles pourraient devoir faire face à des défis sans précédent, notamment avec l’émergence des médicaments pour la perte de poids et la répression croissante contre les aliments ultra-transformés. Ces évolutions pourraient transformer radicalement l’industrie et ses pratiques.

Source : The Economist 24 août 2024 p.52

 

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