Alors que les enjeux concernant l’agriculture, l’alimentation et l’environnement font consensus avec la nécessité d’être innovant, la culture cellulaire est promue par une centaine de start-up dans le monde pour produire de la « viande de culture ».
Sujet délicat, s’il peut répondre aux problématiques de développement durable, n’en demeure pas moins controversé. En effet, la culture de cellules musculaires est certes possible mais son caractère très innovant empêche d’obtenir des informations précises quant à la composition des milieux de culture et celle des produits ainsi que sur l’efficacité de production. Même si le coût va continuer à baisser, nous sommes encore loin d’une production significative et maîtrisée. De plus, ce produit de culture ne peut prétendre à la dénomination « viande » tant du point de vue biologique que sémantique et légal. Au regard de la réglementation communautaire, elle est considérée comme un « novel food » soumis à une demande d’autorisation particulièrement exigeante auprès de la Commission.Viande en maturation
Ces produits peuvent-ils être bons pour l’Homme, la planète et les animaux ?
Peu de travaux en libre accès sur leur qualité sanitaire, nutritionnelle et sensorielle disponibles. Des faiblesses potentielles (manque de fer et de nutriments essentiels spécifiques à la viande, biodisponibilité de ces nutriments) et des inquiétudes (risque sur la santé lié aux hormones, aux facteurs de croissance et à la maîtrise des agents pathogènes, etc.) ont été soulignées. De même les enquêtes d’acceptabilité quasi inexistantes puisque le produit est encore en développement. Cependant, on observe un faible consentement à payer par rapport aux produits concurrents. Les consommateurs sont souvent prêts à goûter par curiosité, mais moins enclins à en consommer régulièrement. Aussi, il est fort à parier que ces produits seront plus en concurrence avec les autres alternatives aux protéines animales qu’avec la viande.
En parallèle, d’autres solutions sont proposées pour nourrir l’humanité (comme réduire le gaspillage alimentaire, adapter nos pratiques agricoles et nos habitudes alimentaires). L’avantage environnemental par rapport à l’élevage, souvent mis en avant par les start-up, n’est pas réellement démontré.
Est-ce un aliment durable ?
Aujourd’hui, la preuve n’a pas été apportée que la « viande de culture » puisse répondre à la définition d’un aliment durable (qui doit être bon pour l’homme et la planète, économiquement viable et accepté socialement), mais le débat est lancé, et les progrès de ces cultures pourront peut-être un jour satisfaire les palais tout en répondant aux problématiques environnementales et de santé humaine.
Source : La « Viande…cellulaire » : Est-ce possible ? Est-ce bon ? Est-ce acceptable ? – Colloque du 18/11/2021 – Académie d’Agriculture de France