En France, notre consommation d’antibiotiques est bien trop importante et induit de graves problèmes et menaces, notamment l’antibiorésistance des souches. Et nous savons tous que lors d’une prise d’antibiotiques – comme le nom l’indique – les bactéries sont tuées, celles qui vous assaillent, c’est le but, mais aussi, celles qui vous habitent – c’est un « dégât collatéral » préjudiciable qu’il faut ensuite réparer.
Les diarrhées qui surviennent souvent, parfois vomissements, nausées, poussent le patient à interrompre sa cure. D’où l’émergence de souches antibiorésistantes. Il faut absolument pas procéder de la sorte et achever la cure le temps prescrit. mais parfois, ces désordres nécessitent une hospitalisation, notamment chez les tout petits qui se déshydratent rapidement.
Or, il semble possible d’améliorer l’immunocompétence par des probiotiques afin d’éviter l’implantation de souches pathogènes. L’équipe de Cresci et coll. a montré que Lactobacillus GG et Faecalibacterium prausnitzii limitent les diarrhées associées aux antibiotiques. De ce fait, ces probiotiques permettraient de minimiser le risque d’infection à Clostridium difficile.
En 2021, Merenstein et son équipe ont traité des sujets sains par l’association amoxicilline/acide clavulanique pendant une semaine, en consommant soit un yaourt contenant du Bifidobacterium animalis subsp lactis BB-12, soit un yaourt témoin, durant 2 semaines. Ils ont montré les bénéfices de la souche en question.
Alors, à nous les probiotiques – les souches vivantes que l’on va alors prendre pour tenter de soigne ses flores buccales, stomacales et intestinales, mais pas n’importe lesquels.
Lynne McFarland a coécrit un guide étayé de preuves scientifiques qui permet de trouver les souches spécifiques de probiotiques à utiliser selon les indications recherchées. Alberto Cresci recommande aux cliniciens de consulter Probiotics.org ou la base de données des National Institutes of health pour trouver les meilleures souches selon la pathologie.
Idéalement, consommez des probiotiques dès le début du traitement antibiotique et poursuivez plusieurs semaines après la fin du traitement antibiotique car la flore a besoin de temps pour se rééquilibrer.
Mais tout le monde n’est pas de cet avis : en prévention du Clostridium difficile ou de la diarrhée liée aux antibiotiques, le Dr David A Johnson, professeur de médecine et chef du service de gastroentérologie à l’Eastern Virginia Medical School, estime que que le niveau de preuve disponible n’est pas suffisant et maintient la recommandation de ne pas proposer des probiotiques dans ces situations cliniques.
Dr Geoffrey A Preidis (professeur de pédiatrie en gastroentérologie, d’hépatologie et de nutrition du Baylor College of Medicine à Houston), co-auteur des recommandations de l’AGA, a analysé 39 essais publiés portant sur environ 10 000 patients recevant des probiotiques en même temps que des antibiotiques. Certaines sont probantes, mais la certitude n’est pas là et il ne recommande pas ces traitements avant plus de preuves. En effet, l’intestin peut être altéré et ces souches pourraient passer dans l’organisme et provoquer une septicémie.
En revanche, avoir une alimentation riche en prébiotiques – ces aliments qui sont les aliments préférés des bons éléments de notre flore et qui stimuleraient leur développement, est une bonne solution sans risque. La consommation de postbiotiques (aliments issus de fermentation comme yaourt, kéfir, légumes fermentés, Kombucha, kimchi… ) reste une excellente solution.
Ce qu’il ne faut pas faire, en revanche, c’est de consommer du jus de pamplemousse qui a des effets potentialisateurs ou limitants de certains traitements médicamenteux, le lait liquide (qui peut provoquer des diarrhées), une alimentation pauvre en fibres et en Oméga 3 qui a des effets antiinflammatoires.
Alimentation et antibiothérapie : que dit la littérature ? – Medscape – 23 mars 2022.