Bien des patients consultent après l’annonce d’un cancer car « si j’ai un cancer, c’est que j’avais une mauvaise hygiène de vie, donc je voudrais savoir comment je dois faire pour mieux me nourrir ». Très bon réflexe, bravo. Même si les cancers n’ont pas tous une implication alimentaire connue, ils le sont pour leur grande majorité.
Incriminés : trop de graisses saturées, trop d’alcool, trop de produits fumés ou grillés…Trop de sucre. Nous avons tous entendu – et lui les recommandations des cancérologues – que les cellules cancéreuses étaient fanas de sucre. Les en priver pourrait donc les éliminer.
Certes, elles le sont, mais comme toutes les cellules de notre organisme, à commencer par le cerveau, les muscles lors d’une activité spontanée et vive, mais aussi bien sûr, les autres cellules[1] (pulmonaires, cardiaques …).
Priver les cellules cancéreuses en glucose, pourquoi pas, mais il faudrait el faire sans en priver les cellules saines ! Plus compliqué !
Or, ôter le sucre de l’alimentation engendre une perte musculaire, altère les capacités à cicatriser et à lutter contre les infections… pas vraiment adapté à un sujet en traitement de cancer qui peut déjà être affaibli ou immunodéprimé ! Pire : la perte de muscle est associée à un moins bon pronostic dans la maladie cancéreuse.
Pour un sujet malade, aller puiser dans ses réserves lipidiques n’est pas une bonne idée car nous faisons tout pour que – justement – il n’y ait pas de perte de poids. Le sucre reste un substrat énergétique immédiatement ou rapidement disponible important pour les cellules saines, surtout quand on est malade.
Dans des modèles expérimentaux, les cellules cancéreuses sont elles aussi, capables d’utiliser d’autres substrats énergétiques (lipides, protéines) en l’absence de glucose.
Le jeûne pratiqué par certains sujets en lutte contre le cancer n’a pas donné de résultats probants, malgré l’effet placebo de la conviction.
Ce que nous cherchons à faire avant tout est de garder un bon statut nutritionnel, et ceci en contexte de dégoûts soudains induits par certaines tumeurs ou surtout, par certains traitements. Les hauts le cœur, dégoûts ou même rejets et vomissements de certains mets que l’on appréciait fortement avant, perturbent beaucoup les patients qui ne savent plus à quel instinct se vouer.
Sous chimiothérapie, on a quelques preuves expérimentales sur l’augmentation de l’efficacité des traitements, mais pas sur la diminution de la toxicité. Alors que si la souris est soumise à une restriction alimentaire 24 à 48 h avant la chimiothérapie, le traitement serait plus efficace sur les cellules cancéreuses et moins toxique sur les cellules saines[2]. Mais ces résultats n’ont pas été confirmés et restent déceptifs chez l’homme.
Avant 2020, les rares données étaient issues de 13 études, essentiellement des cas cliniques. D’après Bruno Raynard, aucune donnée ne permettait de promouvoir les régimes type cétogène ou jeûne au cours des traitements contre le cancer ni pour leur effet antitumoral ni pour leur effet protecteur sur les chimiothérapies. En revanche, plus inquiétant, des pertes de poids et de masse musculaire sont rapportées. De nombre d’études pourtant achevées n’ont pas été publiées, sans doute parque que les résultats étaient négatifs pour les défenseurs du jeûne.
La recommandation est surtout, de ne pas faire de régime restrictif, et surtout pas les plus extrêmes comme le jeûne ou le Kéto.
N’oubliez jamais que votre ennemi n° 2, après le cancer, est la dénutrition.
Merci à Medscape pour le reportage du Webinar. Avril 2021
[1] Dr Bruno Raynard (médecin nutritionniste, Gustave Roussy, Villejuif) Webinar mars 2021 de l’Institut Nutrition de la Fondation Restalliance.
[2] Dr Raynard